Au travers une sélection de quelques œuvres, découvrons les figures de légendes ou les grands personnages qui ont fait l'histoire de Lille.

Lydéric, Grand Forestier des Flandres

Cette gravure sur bois, imprimée sur papier et colorée, date du 19e siècle. Elle représente la figure Lydéric en géant de procession

Lydéric est considéré selon la légende comme le fondateur de Lille. Cette figure se rattache aux mythes des géants fondateurs des anciens Pays-Bas Bourguignons : Reuze Papa et Reuze Maman à Cassel, les Gayant à Douai, Druon-Antigon à Anvers ou encore Allowyn à Dunkerque.

La légende lilloise s'est lentement forgée entre les 12e et 16e siècles.
Phinaert, seigneur avide et féroce, et gouverneur franc, installé au château du Buc (1), au coeur du "Bois sans Mercy", fit massacrer le prince bourguignon Salvaert et fit prisonnière sa femme Emmergaert, tous deux fuyant les troubles de leur région.
Celle-ci, avant son emprisonnement, mit au monde un enfant qu'elle cacha près d'une fontaine. Recueilli par un ermite, il fut baptisé du nom de Lydéric par ce dernier et allaité par une biche. Plus tard, parvenu à l'âge adulte et informé par l'ermite de son histoire, il se rendit à la cour du roi Dagobert afin d'obtenir le combat judiciaire avec Phinaert.
Le duel eut lieu à Lille, le 19 juin 640, en présence du bon roi de France. Lydéric tua Phinaert et reçut ses biens. Il fut nommé grand forestier des Flandres et épousa la fille de Dagobert. Il est à l'origine de la fondation de la cité lilloise et il est considéré comme le premier comte de Flandre. 

Dans le portrait réalisé par A. de Vuez, Lydéric est reconnaissable grâce à l'aigle qui l'accompagne, symbole de son titre de grand forestier des Flandres.
Une représentation sculptée des de cette figure orne le soubassement du beffroi de l'Hôtel de ville de Lille. 

(1) Le château du Buc est situé par les historiens au niveau de l'ancienne Motte-Madame, actuel emplacement de la cathédrale Notre-Dame de la Treille.

Jeanne Maillotte, une héroïne lilloise

Cette peinture intitulée « Jeanne Maillotte repoussant les Hurlus » est exposée au 1erétage du musée. Elle date du XVIIe siècle et représente le château de Courtrai (1) édifié à Lille à la demande Philippe le Bel à la toute fin du 13e siècle.

Au premier plan, la cabaretière Jeanne Maillotte (2) munie d’une hallebarde repousse des hommes armés, les Hurlus.

Le mythe de cette héroïne légendaire s’installe sur un fond historique réel : au milieu du 16e siècle, Lille comme toutes les cités des Pays-Bas est touchée par les troubles religieux qui sont nés de la réforme.  Si la ville reste majoritairement catholique, elle est voisine de bastions protestants et de nombreuses incursions de huguenots installés dans les environs perturbent la vie de la cité lilloise. 

Venant probablement de Courtrai ou encore de Menin, une bande de « Hurlus », protestants armés qui tiendraient leur nom de leurs cris vigoureux, décident de mener une attaque sur Lille. Ne pouvant pas entrer directement dans la ville, ils se positionnent discrètement dans le faubourg de Courtrai qui jouxte la porte et le château du même nom.  

Ces brigands passent alors à l’action le 28 juillet 1582. Devant cette incursion, une cabaretière, Jeanne Maillotte, hôtesse de l’« auberge du Jardin de l’Arc » s’empare d’une hallebarde et rameute les Archers de la confrérie de Saint Sébastien, ses fidèles clients, ainsi que d’autres habitants et réussit à repousser les Hurlus dans une virulente contre-attaque. 

Il faut attendre 1726 pour trouver la mention de cette chronique et c’est durant le XIXe siècle que la légende de cette aubergiste pleine de hardiesse se popularise, particulièrement dans les vers du poète Lillois Alexandre Desrousseaux. Si Jeanne Maillotte n’a pas peut-être pas existée, elle reste le symbole du courage des lillois face aux assaillants. 

  

(1) Le château de Courtrai fut démantelé au début du XVIIe siècle, était situé, dans l’actuel quartier du Vieux-Lille, au niveau de la rue de Gand et des rues adjacentes. Les rues des Tours et de Courtrai conservent encore dans leurs noms, son souvenir.

(2) Une sculpture en bronze signée d'Edgar Boutry et datée de 1935 est aussi conservée au musée (visuel de la bannière de cette page)

Jeanne, Comtesse de Flandre et de Hainaut

Cette huile sur toile (1681-1682) est l'oeuvre d'Alexis du Rietz. Il s'agit d'un portrait en pied de Jeanne de Flandre tenant en main le blason de la Flandre dont la description en héraldique est la suivante :  D'or au lion de sable (noir) armé et lampassé de gueules (rouge).
La présence de ce portrait dans les collections du musée résonne tout particulièrement puisque c'est Jeanne de Flandre qui a ordonné, en 1237, la fondation de l'Hôpital Notre-Dame, actuel musée de l'Hospice Comtesse.

Jeanne est la fille de Baudoin IX, comte de Flandre et de Hainaut et de Marie de Champagne. Au décès de son père survenu en 1205, et un an après avoir été couronné empereur de Constantinople, Jeanne hérite du comté. C'est Philippe-auguste, roi de France, qui élève alors Jeanne et sa soeur Marguerite à la cour et qui marie Jeanne à  Ferrand du Portugal en 1211. Après la mort de ce dernier, elle épouse en secondes noces, Thomas de Savoie.  La comtesse Jeanne encourage et développe l'activité économique (foires et industries drapières), réglemente le commerce en dotant les villes d'un cadre juridique (chartes), favorise le pouvoir municipal. Elle meurt le 5 décembre 1244, sans laisser d'enfant.