Louis et François Watteau (père et fils) ont été les peintres officiels de la ville de Lille au 18e siècle. Leurs œuvres sont de formidables témoignages de la vie lilloise de cette époque aussi bien au niveau des faits historiques que des événements populaires. Véritables chroniqueurs de leur temps, leurs compositions révèlent aussi le paysage urbain de la cité. 

La braderie de Lille

Ce tableau de François Watteau (1758 - 1823), daté de 1799 - 1800 , représente la célèbre Braderie de Lille. La foire de Lille est vraisemblablement née au 11e siècle de la rencontre entre les fêtes de la dédicace - ou « ducasse » - des églises lilloises, célébrées entre le 2 août et le 2 septembre, et l’arrivée sur le marché des produits de la moisson. Au cours du 12e siècle, elle trouve sa place dans le cycle des foires de Flandre, organisées sur le même modèle que celles de Champagne. 
C’est dans le cadre de cette foire annuelle dont le premier jour est fixé au 30 août que les domestiques et valets vendent les friperies de leurs maîtres et disposent ainsi d’un pécule supplémentaire. Peu à peu, la population s'installe dans les rues de la ville pour exposer les biens qu'elle destine à la vente transformant cet épisode de la foire de Lille en une grande braderie. 
Devant l’ancien théâtre de Lequeux de 1785, détruit lors d’un incendie en 1903, Watteau nous livre l’image pittoresque d’un immense marché et peint avec humour, truculence et minutie les différents acteurs de cet événement.

 

La procession de Lille

Ce tableau de François Watteau (1758 - 1823), daté de 1800 - 1801, a été réalisé à partir de croquis de l'artiste pris sur le vif lors d'un des derniers cortèges ayant eu lieu à Lille.

La procession de Lille est instituée en 1269 par Marguerite de Constantinople, en l’honneur de Notre-Dame de la Treille. Elle a lieu début juin, le premier dimanche suivant la Trinité. Cette fête, d’origine purement religieuse, intégre peu à peu des éléments profanes. La procession est suivie avec dévotion par de nombreuses personnes, dont certaines marchent pieds nus ou sont à jeun. Les différentes congrégations religieuses défilent avec la statue de la Vierge et les châsses contenant les reliques. Aux religieux se joignent très tôt les confréries et les corps de métiers groupés autour de leur torche - long bâton surmonté d’une chandelle et des attributs d’un corps de métier - ainsi que les quatre serments ou compagnies bourgeoises (archers, arbalétriers, tireurs 
d’armes et canonniers). La procession est supprimée par la Convention en 1793.
Ce tableau est une précieuse évocation de la Grand'Place à la veille de la Révolution. On voit, de gauche à droite, la Grand-Garde, la rue Neuve avec au fond l’Hôtel de ville (ancien Palais Rihour, incendié en 1916), un rang de maison sur la Grand’Place de style «franco-lillois», puis la rue Esquermoise et, derrière la maison du Soleil d’or, l’église Saint Etienne détruite lors du siège de 1792. La rue Nationale n’est percée qu’en 1858.