Un peu d'histoire locale ...
Les origines de Lille
Entre légende...
Le site de Lille est occupé dès le 7ème millénaire avant J.C., mais on ne peut parler de ville, il s’agit surtout de petites constructions éparses. Contrairement à d’autres grandes villes françaises, Lille n’a pas d’origine gauloise ni gallo-romaine. Elle se trouve à l’écart des grandes voies de circulation. Il n’existe donc pas de ville antique à Lille.
Selon une tradition orale, renforcée par l’écrit dans les siècles suivants, la ville de Lille aurait été fondée par Lydéric. La légende raconte qu’en 620, le couple Salvaert et Emergaert traverse le bois « Sans Mercy », tenu par le cruel géant Phinaert. Ce dernier tue Salvaert. Emergaert, enceinte, parvient à s’échapper et donne naissance à Lydéric. A l’âge adulte, Lydéric, parti en Angleterre, revient affronter Phinaert en duel. Lydéric tue le géant et libère sa mère, prisonnière. Le roi Dagobert donne à Lydéric l’administration du territoire. Il fonde la ville de Lille.
Cette légende n’a aucun fondement historique réel, aucune ville n’est attestée sur le site de Lille avant le 11ème siècle.
...et premiers écrits.
Deux documents attestent de l’existence de Lille au 11ème siècle :
- 1054 : Lille est citée comme place-forte dans le conflit opposant l’empereur du saint Empire romain germanique Henri III et le comte de Flandre Baudouin V.
- 1066 : charte de dotation de la collégiale Saint-Pierre signée par le comte de Flandre Baudouin V, dans un lieu nommé Isla.
Lille naît sur le domaine des comtes de Flandre, issu d’un territoire carolingien (territoire émanant du découpage du domaine royal de Charlemagne). Elle est le fruit d’une volonté politique. Les comtes de Flandre sont puissants et plutôt indépendants, mais ils restent les vassaux du roi de France.
Le site de Lille est humide : la rivière la Deûle traverse la ville et dessine une large boucle. Entre ces boucles se trouvent des îlots occupés par les habitants. La Haute-Deûle traverse le marais d’Esquermes, en amont, à l’ouest de la ville ; en aval, on trouve la Basse-Deûle (actuelle avenue du Peuple Belge).
Le document présenté en image est la donation de l'autel de Gits à la collégiale Saint-Pierre, rédigé en 1088. Il s'agit du plus ancien document conservé aux Archives municipales de Lille. Dans ce document, C'est le terme "illensis" qui signifie "de Lille" qui marque l'une des premières références écrites à la ville.
Un territoire disputé au fil des siècles
Comtes & comtesses
C'est à partir du 11ème siècle que Lille commence véritablement à écrire son histoire sous les comtes et comtesses de Flandre. Certains noms résonnent encore aujourd'hui comme celui de la comtesse Jeanne de Flandre (v. 1194-1244). Héritière du comté de Flandre, elle administre la région avec beaucoup de doigté et facilite le développement des villes en leur donnant une certaine autonomie dans leurs gestions. Le musée de l'Hospice Comtesse est d'ailleurs installé dans un ancien hôpital voulu par Jeanne et porte ce nom pour lui rendre hommage.
Au 13ème siècle, la ville s’étend de l’actuelle porte de Paris jusqu’au bout de la rue de la Monnaie. Les constructions sont denses et le plus souvent en bois. Le commerce se développe, notamment avec les foires qui permettent de vendre à des acheteurs extérieurs.
Lille bourguignonne
En 1369, la comtesse de Flandre, Marguerite de Mâle, épouse Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Par ce mariage, Lille entre dans la maison de Bourgogne. Les ducs feront de Lille leur résidence de prédilection. Philippe le Bon ordonne d’ailleurs la construction, en 1453, du Palais Rihour pour y loger sa cour qui compte environ 1200 personnes.
En 1477, Charles le Téméraire, dernier comte de Flandre et duc de Bourgogne, meurt. Sa fille Marie a épousé Maximilien d’Autriche. Ils ont un fils, Philippe le Beau. Celui-ci se marie à Jeanne la Folle (Espagne). Il décède en 1498. Le comté de Flandre, le saint Empire romain germanique et la couronne d’Espagne reviennent à son héritier : Charles Quint.
A la fin du 14ème siècle, Lille connait un agrandissement avec l’intégration de l’actuel secteur de l’église Sainte-Catherine, au nord-ouest de la ville.
Au temps des Pays-Bas espagnols
Lille entre véritablement dans les possessions espagnoles en 1598 (signature de la paix de Vervin entre la France et l’Espagne). Peu de temps après cette signature, Isabelle, fille du roi d'Espagne Philipe II, et son époux Albert font leur Joyeuse Entrée dans la ville, dont ils sont les gouverneurs. C’est au cours du 17ème siècle que Lille se voit autoriser, par le roi d’Espagne Philippe IV, la construction de la Vieille Bourse. Séparant les actuelles Grand’Place et place du Théâtre, la Vieille Bourse offre aux marchands lillois une structure pour réaliser leurs échanges et se protéger des intempéries.
La ville de Lille reste sous l’autorité espagnole jusqu’en 1667.
Et Lille devient française !
À la mort de Philippe IV d’Espagne en 1665, Louis XIV réclame les territoires de Flandre en héritage, au nom de son épouse l’Infante Marie-Thérèse. Mais face au refus qu’il reçoit, il lève une armée de 50 000 hommes : c’est la guerre de Dévolution. Après 9 jours de siège, Lille capitule le 27 août 1667 et est rattachée à la France. On glorifie le roi en lui construisant l’actuelle porte de Paris. De son côté, Vauban construit la « Reine des Citadelles » et agrandit la ville en créant le quartier Royal, entre la ville ancienne et la citadelle.
Dans le contexte de la Guerre de Succession d’Espagne, la ville tombe aux mains des Hollandais de 1708 à 1713. Avec le traité d’Utrecht, Lille redevient française.
L’architecture va se transformer. Dans un premier temps, les Lillois adoptent un style franco-lillois, style de transition entre l’influence flamande et l’influence française qui mêle verticalité et ornementation. A partir du 18ème siècle, le classicisme à la française s’impose, caractérisé par une plus grande sobriété et uniformité.
Lille au 19ème siècle
De la Révolution française…
Quand la Révolution française éclate, la ville connaît une forte pauvreté. En effet, la population est touchée par la crise du blé et du pain (prix en hausse). S’ajoute à ce contexte une déclaration de guerre le 20 avril 1792. Les Autrichiens assiègent la ville pendant deux semaines mais Lille résiste. La Déesse (1842), au centre de la Grand’Place, commémore d’ailleurs la résistance des Lillois.
Lille reste plus modérée que Paris et la période de la Terreur ne se manifeste pas par des excès comme dans d’autres cités.
Un décret en 1803 entérine l’installation de la Préfecture.
…à la Révolution industrielle.
Sur le plan économique, le textile connaît un véritable essor de 1815 à 1850 : la ville s’engage dans la transformation du lin et du coton. C'est une industrie de pointe, qui profite des progrès technologiques : métiers à tisser, machine à vapeur. Des ateliers s’ouvrent, mais le travail à domicile est encore très répandu. D’autres secteurs d’activités sont en développement : la brasserie, la biscuiterie, l’industrie chimique. Les conditions de travail sont terribles : 80 à 95 h de travail par semaine, soit 13 h par jour pour des salaires de misère, auxquels s’ajoutent le travail des enfants et des logements sordides.
L’industrialisation poursuit son développement tout au long du siècle, bouleversant durablement le paysage lillois.
A l’aube du 20ème siècle, Lille est l’un des plus grands centres textiles français pour le coton et le lin avec 15 000 ouvriers, répartis dans 20 filatures. La métallurgie de transformation est très présente avec l’usine Fives-Cail.
Agrandissement et constructions
En 1858, Lille connait son dernier grand agrandissement de la ville. Des villages voisins sont intégrés à la ville comme Wazemmes ou Moulins. La place de la République est aménagée. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, les chantiers de construction sont nombreux. Une bonne partie de ces bâtiments est toujours visible : la gare Lille Flandre (1867), le Palais des Beaux-Arts (1885-92), les halles centrales rue Solférino et de Wazemmes (1869), Notre-Dame-de-la-Treille à partir de 1854 ou encore l'église Saint-Sauveur (1897-1903)…
Le renouveau lillois
Guerres et reconstructions
Pendant la Première Guerre mondiale, la ville de Lille connaît 1465 jours d'occupation allemande se traduisant par une installation de militaires et civils allemands, des réquisitions, des pillages et des spoliations. Les destructions occasionnées par la guerre sont très importantes : 1108 maisons sont totalement détruites et 11 000 endommagées. Il faut reconstruire et réaménager.
Les réalisations des années 1920-1930 sont nombreuses et encore visibles pour une majorité d’entre elles comme l’hôtel de ville. Les styles de construction varient selon les goûts des commanditaires et les tendances des architectes. Leur point commun : la généralisation du béton armé pour la structure des bâtiments.
Pour plus d'informations sur cette période : Focus Lille 1919-1939
Le 31 mai 1940, les Allemands entrent dans Lille. Ils occupent la ville jusqu’en septembre 1944. Les troupes pratiquent des réquisitions, des spoliations et prennent des personnes en otage. La résistance est importante, mais se solde par de nombreux morts. Il faudra de nouveau reconstruire la ville.
De la Seconde Guerre mondiale à nos jours
De 1947 à 1955, la ville est gaulliste, mais reste de tradition socialiste. Trois maires socialistes vont alors se succéder :
- Augustin Laurent (1955- 1973)
- Pierre Mauroy (1973-2001)
- Martine Aubry
La ville fait partie, à partir de 1967, de la Communauté Urbaine de Lille (Métropole Européenne de Lille de nos jours) avec 87 autres villes. Par ce biais, elle bénéficie de certains aménagements, comme la création du métro dans les années 1980.
Dans les années 70, l'industrie textile disparait et l'économie de la ville est mise à mal. Lille va saisir l'opportunité de l'arrivée du TGV ainsi que de la liaison transmanche et faire le pari d'axer son économie vers le secteur tertiaire et les services. La ville se modernise, un nouveau quartier voit le jour dans les années 1990 : Euralille. D’audacieuses constructions renouvellent l'image de la ville.
A l'aube du 21ème siècle, la municipalité mise sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Des friches industrielles sont transformées. L'ancienne usine Le Blan-Lafont, par exemple, située dans le quartier des Bois Blancs, est réhabilitée et devient EuraTechnologies, incubateur de start-ups.
La ville continue à se transformer avec la création de nouveaux quartiers comme celui du « Bois habité » ou des « Rives de la Haute Deûle ».
Vie culturelle
Sur le plan culturel, Lille prend conscience de l’importance de son patrimoine à partir des années 1960. Petit à petit, la ville restaure ses monuments et son quartier du Vieux-Lille. La Vieille Bourse fait l’objet d’une campagne de restauration dès 1989.
En 2004, Lille est désignée comme Capitale Européenne de la Culture. De nouveaux bâtiments sont remis en état comme l’Opéra. L'engouement est tel qu'une programmation évènementielle populaire et de qualité se poursuit dès lors sous le nom lille3000. Elle propose tous les trois ans d’explorer les cultures et les problématiques de notre monde sous le prisme de la création contemporaine.